Actualités de l'écurie Kevyn Thonnerieux, entraîneur et driver de chevaux de courses
19 Février 2021
L’annonce a fait l’effet d’une bombe, Bjorn Goop a été débarqué du sulky de Face Time Bourbon au profit d'Eric Raffin après avoir remporté deux prix d’Amérique, obtenus 25 succès et 5 places d’honneur, bref un palmarès exceptionnel et un duo qui a fait des étincelles au cours de ces dernières années. Oui mais voilà, le propriétaire Italien du crack n’a guère apprécié sa manière de driver son champion lors du récent prix de France, où il a tout de même conclu au deuxième rang, ce qui a motivé sa décision de le débarquer sans ménagement.
Nous ne sommes pas là pour juger ou donner raison à X ou Y, nous avons assez de nos problèmes pour aller nous occuper de ceux des autres. Cette annonce est pour beaucoup de puristes assez incompréhensibles même si pour certains, le driver en question a peut-être mal jugé la situation, ce qui peut arriver à tous les pilotes, même les meilleurs. Il ne faut jamais oublier que les drivers sont des êtres humains, ils ont le droit à l’erreur surtout lorsque vous devez prendre la bonne décision en une fraction de seconde. Parfois, vous avez la bonne inspiration, parfois c’est tout le contraire, vous vous retrouvez dans une situation critique que vous auriez voulu éviter, d’autant plus lorsqu’une œillère vient à s’abaisser contre votre volonté. Enfin n’oublions jamais qu’il n’existe pas de cheval imbattable, les courses sont ainsi, il faut savoir savourer toutes les victoires comme accepter la défaite lorsqu’elle arrive.
Pour un entraîneur ou un driver, être écarté par un propriétaire est chose courante dans ce métier. Ce n’est pas la première fois et encore moins la dernière, cette éviction a surtout surpris par sa soudaineté, quinze jours seulement après avoir touché le Graal, elle a également pris une ampleur importante sur les réseaux sociaux à cause de l’énorme popularité de Face Time Bourbon, cheval qui a tout pour devenir l’idole des hippodromes. En effet, combien de propriétaires décident du jour au lendemain de vous enlever un cheval de l’entrainement sans vraiment vous prévenir au préalable alors que les résultats sont dans l’ensemble plutôt satisfaisants. Il suffit de peu de choses, d’une simple course, pour que tout ce que vous avez fait de bien auparavant soit effacé des tablettes, une sorte d’amnésie soudaine qui arrive régulièrement. Le client est roi et parfois cruel. Fort heureusement, tous les propriétaires n’agissent pas de cette manière, certains ont encore de la mémoire, cette fidélité et la reconnaissance du travail accompli. Présents dans les victoires comme dans les défaites, ils font même front commun avec vous lorsque les résultats ne sont pas au rendez-vous.
Comme dans tous les corps de métier, il faut faire son travail de la meilleure manière possible, selon ses convictions et ses principes, ne pas s’occuper des « on dit » et continuer à avancer. Nous ne cherchons absolument pas la reconnaissance à tout prix, vous pouvez être encensé un jour et détester le lendemain, tel est le monde d’aujourd’hui. La perfection n’existe pas, encore plus chez les chevaux, même s’il s’appelle Face Time Bourbon.