Actualités de l'écurie Kevyn Thonnerieux, entraîneur et driver de chevaux de courses
6 Novembre 2019
L’ambition d’un entraîneur public est de se faire un nom sur les pistes à travers ses résultats, ce qui peut lui permettre d’attirer des clients. Cette nouvelle clientèle peut lui permettre d’avoir des éléments plus compétitifs à entraîner. Puis, s’il parvient à se maintenir à niveau année après année, il aura envie d’avoir son propre établissement pour pouvoir travailler dans des conditions optimales, de construire son centre d’entrainement comme il a pu en rêver après des années de durs labeurs.
Tout cela, c’était avant, avant la crise que traversent la filière hippique et le PMU, avant la baisse des allocations et l’avenir incertain de nos courses. Comment de jeunes professionnels pourraient-ils se projeter alors que nos anciens dirigeants ont été eux-mêmes en pleins doutes, même s’ils ont essayé de nous faire croire le contraire. Aujourd’hui, nombreux sont les entraîneurs louant des boxes sur des hippodromes ou ailleurs, afin d’avoir les meilleures infrastructures possibles pour travailler dans les meilleures conditions. Pour autant, ils avaient peut-être d’autres ambitions, celui d’avoir un « chez eux » mais au vu de la conjoncture actuelle, ils savent pertinemment qu’ils ont peu de chances de voir leurs rêves se réaliser dans un futur proche. Pourquoi ? Parce que le métier est devenu de plus en plus dur, encore plus de nos jours où aucun d’entre eux ne prendra le risque de s’endetter sur plusieurs années alors que l’avenir de nos courses s’obscurcit. Pire, aucune banque ne leur accordera un prêt sur 25 ou 30 ans, sachant qu’ils seront peut-être dans l’incapacité de rembourser leur emprunt, surtout si les allocations continuent de diminuer dans un futur proche. Quant à ceux ayant déjà investi des sommes colossales dans des centres d’entraînements, ils pourraient très vite crouler sous les dettes en cas de chute brutale de leur chiffre d’affaires. Ses entraîneurs pourraient même perdre très gros en cas de crise profonde, les établissements pourraient perdre beaucoup de valeur. Comment demander également à des apprentis ou à des employés d’être motivé alors qu’ils pourraient se retrouver sans emploi du jour au lendemain ? Comment leur donner envie de continuer dans cette voie s’ils n’ont plus de perspectives d’avenir ?
Nos futurs dirigeants ont du pain sur la planche, peu d’entre nous ont encore confiance envers les institutions, ils devront se pencher sur ses questions pour permettre à toute la filière d’avancer, sans pour autant tout révolutionner. Le PMU nous annonce une éclaircie pour 2020, mais les résultats du premier trimestre du PMU n’ont guère été encourageants, des enjeux encore à la baisse avec un nouveau quinté qui n’a pas franchement convaincu les parieurs. Le second trimestre a semblé être bien meilleur, les chiffres ont été en légère hausse, mais encore insuffisant pour rassurer l’ensemble de la filière. Si la tendance ne s’inverse pas, il faudra avant tout stabiliser les allocations dans les années à venir, inutile de les augmenter si nous n’avons pas les ressources nécessaires dans les caisses, elles sont pour le moment suffisantes pour l’ensemble de la profession. Nous ne sommes pas encore au niveau de l’Italie ou de la Belgique, mais nous nous en rapprocherons doucement mais surement, reste maintenant à nos nouveaux dirigeants de tout mettre en œuvre et de se mettre au travail pour que nos courses retrouvent leur lustre d’antan. Pour cela, il faudra rester unis, faire front commun et travailler main dans la main, ce n’est pas en nous divisant que nous parviendrons à redresser la barre, l’union fait la force.
VERBESSELT Didier 06/11/2019 19:35